A chacun ses démons! Bien loin d’être un cas isolé, je suis une idéaliste shootée à la noirceur qui lutte pour cultiver sa bonne humeur.
Zoom sur un processus de recentrage via l’expérience d’un beau voyage sur la PachaMamita:
Du constat marée noire…
L’économie globalisée conchie tout effort d’auto-régulation et favorise un productivisme zéro limite.
Sans aucun complexe, les puissances financières inondent le marché de merdes amiantées qui ravagent nos écosystèmes, et entretiennent les inégalités néo-coloniales à l’échelle planétaire.
Les comportements individualistes et consuméristes détruisent nos solidarités, homogénéisent les modèles culturels, bouffent nos identités.
Un appauvrissement des cultures, voilà où nous en sommes, qu’il s’agisse de nos modes de vie, coutumes et traditions ou des terres agricoles.
Ce déversement de mazouteuses nouvelles pourrait nous faire succomber à la haine – pour certains, poser des bombes n’a jamais été un problème- ou au désespoir.
Résultat des courses: 0 pour la rêveuse et 1 pour le petit monstre qui se nourrit de rengaines rageuses contre-productivité, autrement dit, je n’ai pas avancé d’un iota.
…A la question « Que faire »?
1: Se calmer.
Une petite voix me dit: Les 4 coins du monde ne sont pas peuplés que de bipolaires, psychopathes et loosers. Au moment où j’écris, des gens s’activent pour préserver à leur échelle le fragile équilibre entre Dame Nature et l’ambivalence humaine. Par un cumul de petits gestes, ils se mobilisent et défendent sans même se poser la question leurs/nos droits fondamentaux à commencer par celui de vivre dans un environnement sain.
2: Changer mon point de vue.
Pour ne plus enrager vainement contre les criminels de l’agro-arnaco-pharmaco-pétroléo-chimique n’co- industrie et coller une bonne droite à mes penchants sinistrosophiles, j’ai pensé qu’il valait mieux nourrir les cellules capables d’activer mon émerveillement. Rien n’est foutu, tant qu’il y a des paysans qui cultivent aussi par amour de leur terre bien avant d’y voir les dollars qu’elle génère!
3: Briser les mythes.
Depuis des milliers d’années, la vénération des peuples natifs pour la terre nourricière serait au cœur de leur cosmovision. Est-elle encore vivante cette palpitation de concert entre tous les éléments? De la conquête espagnole à la mondialisation, les ingérences destructrices n’étaient-elles pas venues à bout des richesses indigènes en terme de savoirs et ressources naturelles? Autant de questions poussiéreuses qui seraient vite balayées par les venteux brassages du terrain.
4: Rencontrer, questionner, faire la fouine quoi.
Me voilà donc partie, seule, sur les routes pendant 6 mois, à la rencontre d’êtres aux savoir-faire inspirants: défricheurs du possible, artisans du libre et autres esprits sains de notre temps, tous auteurs des changements qu’ils veulent voir dans ce monde.

Sommet des peuples en parallèle de la COP20, Lima, Le 10/12/2014
5: Gérer les contradictions.
« Buen vivir », ces deux mots gravaient la forme de l’espoir dans ma roche-mère. Exister en harmonie au sein de la communauté, entre communautés et avec la nature. Cette compréhension du monde dans laquelle les peuples autochtones de toute le continent américain puisent leurs racines est désormais consacrée par trois Constitutions (Pérou, Équateur, Bolivie). Ors, le Buen Vivir exprime une relation avec l’environnement qui incarne l’opposé du profit et de la marchandisation.
À ce stade des réflexions, quelques piqûres de rappel contrariaient mon état :
Si les conventions internationales font de la souveraineté alimentaire et de la santé publique des enjeux majeurs, présentement planter et consommer les espèces végétales de notre choix relève du parcours du combattant! De l’interdiction d’utiliser des semences paysannes non inscrites dans le catalogue officiel au brevetage du vivant par des consortiums omnipotents, on ne compte plus les violations de nos libertés fondamentales, édictées dans des traités que les Etats mettent des plombes à ratifier et qui de toutes façons sont non-contraignants. À l’heure où les industries pharmaceutiques et agroalimentaires sont devenues deux des plus puissants lobbies au monde, comment reprendre la main sur notre santé et notre alimentation???
6: Revenir à la juste échelle.
Avoir conscience que la nature est à la base de tout, que nous n’en sommes qu’une infime partie et que nous lui devons un infini respect: apparemment, cette idée n’intéressait que mollement les entités suscitées.
Aussi garderai-je mon énergie pour le terrain. Et le terrain, c’est nous les gens.
7: Si señor, el Buen Vivir (sur)vivra!

Pays traversés




