Découvrir la réalité sous une autre perspective

Le chamanisme est à l’origine de presque toutes les cultures de la planète et l’usage de plantes psycho-actives, considérées comme sacrée par le pouvoir divinatoire qui leur est conféré. Le mot chaman, «celui qui sait» vient des gardiens de rennes du nord de la Sibérie.

L’ayahuasca, liane géante de la forêt tropicale, est utilisée depuis plus de 4000 ans par les communautés natives d’Amazonie lors de cérémonies sacrées de guérison

Le terme est issu de aya, la mort et de huasca, liane. Connue et vénérée par toutes les tribus indigènes de la forêt amazonienne, elle est considérée comme « la plante maîtresse ». L’écorce de la liane Banisteriopsis combinée à d’autres plantes amazoniennes donne un breuvage sacré consommé lors de cérémonies rituelles. Le mélange amène à la réflexion ainsi qu’à la purification et les sages l’utilisent pour communiquer avec le monde des esprits.

 

 

Une plante parfaitement intégré dans le système traditionnel de santé.

Cette boisson est aussi communément appelée « la purge » en raison de ses effets permettant de nettoyer le corps et l’esprit. Son usage est donc spirituel et médical. Également appelé Yagé en Colombie, l’Ayahuasca peut selon les endroits porter de nombreux autres noms: Ayawaska, caapi, Kahi, Natema, Natem, Mihi, Vigne de l’âme, Vigne de la petite mort.

L’espèce Banisteriopsis contient de nombreux principes actifs parmi lesquels on trouve l’harmaline, l’alcaloïde qui permet au chaman d’avoir ses visions.
Le rituel permet au chaman de diagnostiquer et traiter différentes maladies. En invoquant la plante, il lui demande qu’elle devienne un allié, incorpore son énergie, sa connaissance.
Ce processus requiert une diète spéciale, sans sucre, ni graisse, ni de rapport sexuel pour accroître la réceptivité, centrer l’énergie.

Les mélanges sont différents selon les pays, certains mélangent la liane avec des feuilles de diplopteris, d’autres utilisent le psychotria viridis (nommé communément chacruna) qui contient de la diméthyltryptamine (DMT), une molécule activant la production de sérotonine. L’ inhibateur de monoamine oxydase (IMAO) de la plante ayahuasca va permettre l’ingestion orale de la DMT -qui sans cela serait détruite par un enzyme- qui va pouvoir produire ses effets enthéogènes.

Cette préparation résulte d’une incroyable connaissance botanique indigène.

Ses effets ne relèvent pas de la transe car elle n’induit pas une perte des rapports spatio-temporels. Celui qui prend l’ayahuasca comme une médecine opère un changement volontaire de conscience ordinaire dans le but de connaître la réalité d’une autre perspective. L’ayahuasca n’est donc pas un hallucinogène (caractérisé par des changements désordonnés des fonctions du système nerveux) si son utilisation est imbriquée dans un système de santé comportant des conditionnements physiques, sociaux et culturels bien spécifiques.

 


Défonce et profit: le grand détournement du monde occidental.

Si l’utilisation de cette préparation est profondément enracinée dans la mythologie et la philosophie amazonienne, l’ayahuasca a été popularisée par divers courants mystiques et philosophiques tels que le mouvement new-age. Le rituel a ensuite était dépouillé de son sens authentique à des fins lucratives avec le boom dans les grandes villes d’un tourisme dit chamanique. Avec l’essor des expériences psychédéliques, il est devenu facile de se procurer une bouteille d’ayahuasca sur un marché et même sur le net! Profanation pour les puristes, oubli de la cosmovision, des danses et chants sacrés qui accompagnent le rituel en tous cas…

À l’opposé de son utilisation récréative, la préparation ancestrale permettrait de se délivrer de la dépendance aux drogues.

S’il existe peu d’études théoriques à ce sujet, des centres installés en divers endroits de la forêt amazonienne ont obtenu de très concluants résultats, notamment le centre Takiwasi crée par un ancien de Médecin Sans Frontières. (cf. l’article suivant: http://www.courrierinternational.com/article/1998/05/28/un-hallucinogene-au-secours-des-drogues)

L’ayahuasca et ses ingrédients sont actuellement interdits en France et dans de nombreux pays.

À quand un usage médicinal raisonné et intelligent par les pays occidentaux?